Ligne blanche franchie
C’est reparti comme en 2007, avec une politique sécuritaire brandie au service d’une cause électorale programmée pour 2012.
Ostensiblement désireux de renouveler le bail le locataire de l’Élysée ressert les vieux plats qui lui ont réussi dans le passé : la politique du tout sécuritaire. Caresser dans le sens du poil électoral passionnellement attaché à des valeurs traditionnelles est un coup de poker. Ce coup peut rapporter à celui qui en use, mais la France n’a rien à y gagner, bien au contraire stigmatisé un groupe catalogué d’origine étrangère s’est déjà vu en Europe, aux pires heures vécues par celle-ci, notamment dans un pays frontalier du nôtre puis dans une France institutionnelle engluée dans la collaboration.
L’idée selon laquelle l’immigration serait le vivier de la délinquance est un fantasme et une aberration : des études sérieuses ont telles jamais été menées sur cette question cruciale ? Si tel était le cas, cela se saurait.
Tout au long de son histoire et singulièrement après la saignée de la génération de 1914, la France connut, pour des raisons économiques, des afflux de personnes ou familles venues de l’étranger. Elle se positionna également comme terre d’asile pour des populations gravement menacées par les régimes totalitaires. Aussi accueillit-elle tour à tour des juifs, des Italiens, des portugais, des Espagnols, des Grecs, des Arabes, des Noirs, des Hongrois, des Chinois…
Sortir un pays jadis grand d’une crise ne se fait pas au prix de supercherie intellectuelle ou de procéder douteux. À une époque pas encore très éloignée, la France exporta dans le monde l’idée de liberté : c’est en cela qu’elle fut un grand pays. Et non en proposant comme aujourd’hui des solutions dilatoires dignes d’un joueur de Bonneteau.
Devant des difficultés telles que nous traversons, et dont le peuple fait prioritairement les frais, il y a mieux à faire. Si la France ne veut pas devenir entièrement la risée de l’univers et désire de nouveau inspirer le respect, elle doit se doter d’homme d’État. Mais, comme dit le proverbe, « Cela ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval ».
M. Jean-Pierre Lautman (Indre-et-Loire) six